"Le savoir est le passeport pour la liberté"
L'Ecrivainparisien rend hommage
La chronique de Jean Claude Lataupe
Billet n° 1062
« Musique Maestro ! »
Glissando, l’âme de la corde.
Je pense que ce billet fera plaisir à mon ami William.
J’aimerais d’ailleurs à l’occasion qu’il puisse un jour « croquer » le visage de l’artiste dont je vais parler aujourd’hui.
Vu le talent et la « patte » de mon ami William je suis certain que son travail sera forcément un chef d’œuvre.
En attendant ce jour… (Zangra. J Brel) Je dédie ce billet à toutes les personnes qui ont connu ce « Maître », libellé avec une majuscule, à l’instar de son talent.
Hommage à un Maître
Il le méritait ce titre et je l’accorde volontiers à la mémoire de son âme en souvenir de ce qu’il m’a spontanément offert durant quelques années il y a de cela près de cinq décennies.
Tout en écoutant un extrait de Shéhérazade je repense en cet instant précis à cette personne qui a beaucoup marqué ma vie et qui reste présente à ma mémoire comme à mon âme plus de 48 ans après notre première rencontre.
Cet homme m’a énormément apporté de satisfactions durant les trois années au cours desquelles j’ai eu le privilège de recevoir son enseignement.
Non content d’enseigner sa spécialité, il a fait bien plus que cela pour nombre de ses élèves qui gardent à leur mémoire le beau visage de cet homme au sourire très doux entre autres choses.
C’était un artiste véritable au sens le plus élevé de ce terme, doublé d’un pédagogue hors pair qui a su inculquer à nombre de ses élèves ce que la musique peut véhiculer d’émotions enfermées au cœur des lignes et des pages d’une partition.
C’était également un homme brillant possédant une grande culture dans divers domaines. Nombre de personnes recherchaient sa compagnie des plus agréables. Cet homme exceptionnel dégageait une aura formidable et a su conquérir et émerveiller nombre de personnes qu’il a côtoyé au cours de sa vie. Malgré cela Il a toujours su rester humble ce qui est tout à son honneur.
Guy Carriau, puisque c’est de lui dont je parle était professeur de musique. C’était un professionnel aguerri qui a voué toute sa vie à la musique, d’abord en tant qu’enseignant à l’Education Nationale puis en fondant, par la suite, ses propres écoles de musique.
Il était également professeur de violon et d’alto et premier violon dans l’orchestre de Montargis. J’ai eu le privilège de l’entendre jouer en concert.
Il pratiquait également l’alto, instrument difficile à ce qu’il nous avait expliqué durant l’un de ses cours.
En plus de l’enseignement qu’il dispensait à toutes les classes de notre CEG Guy Carriau a créé, fait vivre et grandir une chorale. J’ai eu le privilège, deux années durant, de chanter, comme une centaine d’autres élèves sous sa direction.
Cette chorale c’était « son » enfant, enfant qu’il avait su patiemment amener au meilleur niveau qualitatif ce qui a permis à la chorale du CEG Louis Pasteur de Montargis de remporter, au début des années soixante, la finale départementale des chorales des lycées et collèges du département du Loiret en interprétant « Le beau Danube bleu » de Johann Strauss.
Au cours d’un déplacement sur la région Montargoise je me suis rendu, il y a une quinzaine d’années, à Amilly, là où résidait Guy Carriau. Je souhaitais le revoir pour parler avec lui et le remercier de ce qu’il m’avait apporté au cours de ma vie.
En arrivant chez lui j’ai retrouvé Philippe, son fils et lui ai demandé si Guy Carriau était là. Il m’a répondu par l’affirmative. Lorsque quelques minutes plus tard j’ai vu apparaître sur le perron de sa maison Guy Carriau je me suis retrouvé spontanément plus de trente ans en arrière, au collège Louis Pasteur. Il n’avait quasiment pas changé et je l’ai reconnu instantanément. Quel bonheur de revoir là, devant moi, cet homme merveilleux.
Nous ne nous étions pas revu depuis plus de trente ans. Sur l’instant il ne m’a pas reconnu, ce que je comprends facilement, compte tenu qu’il a côtoyé tant d’élèves et de gens au cours de sa vie. Je lui ai remis en mémoire quelques détails et j’ai vu soudainement son visage s’éclairer d’un sourire. Il s’est écrié « Ah, Jean Claude ! ».
Nous avons vécu tous deux en cet instant précis un grand moment de pure émotion que je conserve enfermé au fond de l’écrin de mon cœur.
Guy Carriau nous a quitté il y a de cela quelques années mais a légué à nombre de personnes qu’il a côtoyées au cours de sa vie un héritage exceptionnel.
Je dédie ce billet à Philippe, son fils et à toutes les personnes qui ont connu et forcément apprécié cet homme exceptionnel.
Ecrivainparisien